Personnalités

Amédée de La Harpe (1754-1796)
Né à Rolle, le 17 octobre 1754, il sert quelque temps dans un régiment mercenaire en Hollande.

De retour au Pays de Vaud, il prit le commandement d'une compagnie de milices.
À la suite des événements du 4 août 1789 abolissant en France les privilèges, lui, le seigneur des Uttins, renonce à tous ses droits, à toutes les prestations, et cela sans indemnités.
Il est l'un des principaux organisateurs de ces grands banquets de la liberté qui étaient tenus sous divers prétextes pour contourner l'interdiction de débats publics promulguée par Berne.
Le 14 juillet 1791, il préside le Banquet de Rolle, où les participants fêtent la prise de la Bastille.
Cela déplut à Berne qui envoya 4000 hommes dans le Pays de Vaud. Amédée de la Harpe s'enfuit alors et s'engagea dans l'armée française.
Au siège de Toulon, il prit le fort Pharon, qui obligea la ville à capituler.
En 1792, il est condamné, par contumace, à la peine de mort par Leurs Excellences qui confisquèrent ses biens.
En 1794, il est nommé général de brigade
En 1795, passe général de division
Il fit la campagne d'Italie sous les ordres de Bonaparte
Il meurt le 8 mai 1796, à Fombio en Lombardie, tué par méprise dans l'obscurité, au sein même de son escorte, par les troupes françaises.
Son cousin Frédéric-César obtient, grâce au gouvernement français, l'annulation de sa condamnation à mort et sa réhabilitation par les autorités de Berne, mais ses propriétés avaient été vendues et sa veuve et ses six enfants restèrent démunis.

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Buste par Félix Lecomte. Galerie des batailles du château de Versailles

.« Ce général était Suisse. Sa haine contre le gouvernement de Berne lui ayant attiré des persécutions, il s'était réfugié en France. C'était un officier d'une bravoure distinguée. Grenadier par la taille et par le coeur; conduisant avec intelligence ses troupes dont il était fort aimé, quoique d'un caractère inquiet.
« La République perd un homme qui lui était très-attaché; l'armée un de ses meilleurs généraux, et tous les soldats un camarade aussi intrépide que sévère pour la discipline.

(Dépêche de Napoléon Bonaparte au Directoire.)

Frédéric-César de La Harpe (1754-1838)
Frédéric-César de La Harpe obtient un doctorat en droit à Tubingen en 1774. Il exerce comme avocat dans le Pays de Vaud, mais s'y ennuie vite et tolère mal la domination bernoise. En 1782, il saisit l'occasion de partir en acceptant le poste de précepteur de deux jeunes Russes voyageant en Italie. En 1784, l'impératrice Catherine charge ce républicain de l'éducation de ses petits-fils Alexandre et Constantin. La Harpe ne se présente pas comme un simple professeur, mais comme un « guide des princes », chargé d'en faire des hommes éclairés. Pendant onze ans, il enseignera à Alexandre les principes libéraux, le sens de la justice, son rôle pour le bonheur de ses peuples.

La Révolution française l'enthousiasme. En 1793, il publie dans un journal anglais des lettres dénonçant le despotisme bernois et envoie au pays une pétition réclamant les droits politiques pour les Vaudois. En 1795, La Harpe quitte la cour de Russie et s'installe à Genthod, le retour à Rolle lui étant refusé par Berne. De cet asile, La Harpe continue son action politique, multipliant les brochures, les projets de réforme et les contacts avec Paris. Avec Peter Ochs, de Bâle, La Harpe sollicite l'intervention diplomatique de la France et l'agression armée de la fin de l'année 1797 les laissera pantois.
La Harpe ne participera au gouvernement helvétique imposé par la France, il restera à Paris comme négociateur au profit des Vaudois. Il entrera dans le Directoire en 1798, mais l'expérience du gouvernement sera un échec cinglant. Il quitte la Suisse en 1800, passe quelques mois en Russie; il s'établit ensuite en France et y vivra retiré de toute vie publique jusqu'à la chute de Napoléon.
Le traité de Vienne en 1815 le fait revenir sur le devant de la scène: ses contacts avec Alexandre Ier lui permettent de défendre l'existence des Cantons issus de la Révolution, Vaud, Argovie et le Tessin. En 1816, Frédéric-César de La Harpe s'établit à Lausanne. Élu alors au Grand Conseil, il y défendra jusqu'en 1828 ses conceptions libérales. Frédéric-César de La Harpe décède le 30 mars 1838 à Lausanne.

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Henri  Bouquet (1719-1765)

Né à Rolle, fils d'un aubergiste, il débute sa carrière militaire à 17 ans au sein de l'armée des Pays-Bas et la poursuit au service du royaume de Sardaigne. Comme beaucoup d'officiers à son époque, il sert comme mercenaire dans différents pays. En 1748, il reprend du service pour les Pays-Bas, comme lieutenant-colonel des gardes suisses.
Il entre au service de l'armée britannique en 1756 avec le grade de lieutenant-colonel. Il sert sous les ordres du Général John Forbes lors de l'expédition contre la garnison française du fort Duquesne (aujourd'hui Pittsburgh en Pennsylvanie) en 1758. C'est à son instigation que l'armée construit une nouvelle route au centre de la Pennsylvanie, plutôt que d'utiliser la route du Maryland faite lors de l'infructueuse expédition de Braddock. Bouquet et ses troupes sont attaqués par les Français et les Amérindiens à Loyalhanna, près de l'actuel Ligonier en Pennsylvanie ; une fois l'attaque repoussée, ils se dirigent vers le fort Duquesne, qui a été abandonné et rasé par les Français avant leur retraite.
Pendant la campagne contre Pontiac, Bouquet acquit une réputation épouvantable. Dans une série de lettres échangées pendant l'été de 1764 entre lui-même et son commandant, le général Jeffrey Amherst, ils conçoivent l'idée d'infecter les Amérindiens par la petite vérole, en leur offrant des couvertures contaminées provenant de l'hôpital du fort. Cette idée a-t-elle été réellement mise en oeuvre ?
En 1765, Bouquet est promu général de brigade et placé à la tête de toutes les forces britanniques dans les colonies méridionales. Il meurt à Pensacola, au sud de la Floride, le 2 septembre 1765, probablement de la fièvre jaune.

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 Nicolas Châtelain (1769-1856)
Nicolas Chatelain est né en 1769 à Rotterdam. A 18 ans, il quitta la Hollande, vint habiter Vevey, puis en 1812 il s'établit à Rolle pour se rapprocher de sa soeur, Mme Eynard-Chatelain. La ville de Rolle lui a fait don de la bourgeoisie, et il y mourut en 1856 à l'âge de 87 ans. Sa charité, ses nombreux actes de bienfaisance, l'intérêt qu'il prenait à nos écoles, la libéralité avec laquelle il donnait des prix pour les promotions, en faisaient un des citoyens les plus estimés, et il a laissé les meilleurs souvenirs.

Nicolas Chatelain a publié de nombreux travaux, entre autres son Histoire du synode de Dortrecht, ses Lettres de Voltaire à Mme du Deffant ; un pastiche tellement parfait du grand écrivain, que les plus habiles, entre autres Vinet, y furent pris; les Lettres de Livry, supposées écrites par Mme de Sévigné ; le Rubis du Père Lachaise et ses pastiches, ou imitations libres du style de quelques écrivains des XVIIe et XVIIIe siècles. M. Ch. Vittel fut son secrétaire pendant vingt-trois ans. M. Chatelain avait préparé aussi la publication des lettres du comte de Golowkin adressées à lui-même ; mais il ne put réaliser ce projet ; des amis le mirent à exécution après sa mort. 

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Jean-Jacques Porchat (1800-1864)
Né à Vandoeuvres, près de Genève, Jacques Porchat fait ses études en Suisse, en Allemagne et à Paris (où il fera encore un long séjour de 1845 à 1856). A partir de 1823, il enseigne à lausanne le droit romain, puis la littérature latine. Poète, il compose des fables et ses admirateurs l'appellent le La Fontaine vaudois. Son premier recueil paraît en 1826. Puis viennent Poésies vaudoises (1832), Glanures d'Esope(1837), Fables et paraboles(1854), Contes merveilleux (1858) et, l'année de sa mort, Souvenirs poétiques (1864). Jacques Porchat avait aussi publié en 1844 une pièce qui ne fût jamais présentée, La Mission de Jeanne d'Arc. Il est enfin l'auteur de nombreuses traductions. 

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Charles Chinet (1891-1978)
Peintre et dessinateur autodidacte marqué par Cézanne et Bonnard, adepte d'une peinture intimiste.

Paysages lémaniques, natures mortes, intérieurs. Critique d'art dans sa jeunesse, professeur de dessin.

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Charles Clément (1891-1972)
Originaire de Cartigny, Charles Clément mène des études classiques (latin-grec) jusqu'à l'obtention du baccalauréat (Lausanne et Neuchâtel). Après avoir fréquenté l'école des beaux-arts de Düsseldorf (Königliche Kunstakademie) pendant un an, il part à Paris étudier dans les académies de la Grande Chaumière (1910). De retour en Suisse (1912), il publie, entre autres, des dessins humoristiques dans plusieurs journaux illustrés (Gazette de Lausanne, Rire, Papillon) et co-fonde le bimensuel satirique L'Arbalète à Lausanne (1916).

Il exécute des peintures murales, notamment pour la chapelle Montfaucon à la cathédrale de Lausanne (1921), et donne des leçons à l'école nouvelle de Chailly, puis au pensionnat de Brillantmont. Il réalise, avec Paul Budry, l'un des premiers livres d'art de Suisse romande intitulé Les Guerres de Bourgogne (1926).
Charles Clément poursuit sa carrière en Suisse jusqu'en 1927, avant de séjourner temporairement et par intermittence à Paris et Marseille (1927-1932). Outre ses travaux de peintre et d'illustrateur, il déploie, à partir de 1928, une importante activité de peintre verrier. Tourné vers l'art monumental, il orne de vitraux huit églises du canton de Vaud, ainsi que la cathédrale de Lausanne (15 vitraux, 1930-1939), et accomplit plusieurs travaux décoratifs dans des bâtiments publics de Suisse. Il peint également des scènes de rue puis, dès 1932, des nus, des paysages vaudois et des natures mortes.
Plusieurs musées abritent les oeuvres de Charles Clément à Lausanne, Fribourg, Berne, Neuchâtel, Zurich, de même qu'à Londres. En 1949, le musée Arlaud lui consacre une rétrospective. En 1963 paraissent les Souvenirs d'un peintre, enrichis de nombreux croquis.
Dessinateur polyvalent et amateur de plusieurs outils et techniques (fusain, sanguine, pointe de l'aquafortiste, roseau taillé, crayon du lithographe, lavis, aquarelle, gouache), Charles Clément meurt le 19 janvier 1972 à Lausanne. En 1973, le Musée cantonal des beaux-arts de Lausanne organise une exposition à sa mémoire.

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John Berney (1820-1917)
John Berney était fils de Abram, géomètre, lieutenant-colonel des milices vaudoises, député de Rolle au Grand Conseil et receveur pour le district. Après la révolution de 1845 cette dernière charge lui fut retirée, probablement qu'il n'était pas dans la ligne du nouveau gouvernement radical.
John Berney se prépara à une carrière de juriste à Lausanne puis en Allemagne. Il obtint son diplôme d'avocat puis en 1848 ouvrit une étude à Rolle.
En 1855, soit à l'âge de 35 ans, John Berney fut élu député au Grand Conseil. Il siégea à la constituante de 1861 chargée de réviser la constitution de 1845, puis fut élu Conseiller d'Etat. 

Auguste Matringe (1894-1984)
Né à Rolle (Vaud) en 1894, de mère suisse et d'un père savoyard, Auguste Matringe possède uniquement la nationalité de son père.

Il poursuit en France une carrière d'ingénieur dans l'industrie chimique. De 1936 à sa retraite en 1959, après laquelle il s'installe en Suisse, il dirige deux usines Saint-Gobain dans la banlieue de Lyon.
Chrétien très engagé dans la vie sociale et associative, il a notamment organisé l'hébergement des employés juifs au sein même de l'usine. On estime qu'il a sauvé de la déportation 37 adultes juifs, qu'il a fait héberger 50 de leurs enfants à la campagne et qu'il a favorisé la dissimulation de 250 personnes réfractaires au Service du travail obligatoire.
Arrêté par la Milice française en août 1944, il ne dut sa libération au bout d'un mois qu'à l'intervention du vice-président de Saint-Gobain.
Le 18 avril 2003, une stèle est érigée à Saint-Fons, dans la banlieue de Lyon, avec l'inscription : "Auguste Matringe (1894-1984). Humaniste Franco-Suisse. Juste parmi les nations".
Honoré par Yad Vashem en 2000. Médaille remise, à titre posthume, le 18 avril 2001.